Une future réconciliation? [Pv Annabelle]

Chère Annabelle,

Je prends le soin de vous écrire ses quelques mots afin d’avoir la possibilité de vous rencontrer dans un lieu public. Je préfère éviter de me présenter à votre domicile pour ne pas nous mettre en danger. J’ai certaines informations importantes à vous donner au plus vite. Je vous attendrai à la bibliothèque et n’oubliez pas de venir seule.

X.

C’est le petit mot que j’ai déposé dans la boîte aux lettres de la maison de ma grande sœur après avoir vérifié que cette dernière ne soit pas présente à l’intérieur. J’aurai pu revenir plus tard pour simplifier les choses mais pour les retrouvailles, je préfère que cela se fasse ailleurs et dans un endroit public comme la bibliothèque par exemple. Ce choix me paraît assez judicieux sur le moment car il faut bien admettre que je ne sais pas comment va réagir Annabelle en me voyant. Cela va être difficile pour moi de me faire pardonner car je lui ai fait énormément de mal par le passé et je compte bien essayer de recoller les morceaux avec elle, peu importe les moyens.

Après être arrivée à la bibliothèque, je vérifie si ma sœur n’est pas déjà présente sur les lieux vu qu’elle possède certainement une voiture pour ses déplacements. Etant venue à plusieurs reprises pour lire au calme, je dispose de carte d’adhésion que je montre à la responsable qui se trouve au comptoir et ensuite, je me dirige vers les étagères où se trouvent certains livres. Attrapant un roman policier, je vais prendre place à une table pour commencer à le feuilleter et il faut reconnaître que je n’ai pas le cœur à lire. Au contraire, mon cœur bat la chamade car je suis légèrement nerveuse et anxieuse à la fois. Néanmoins, j’ai hâte de la revoir et j’espère que tout va bien se passer entre nous.

« J’espère que tu viendras… » Marmonnais-je entre mes dents pour éviter de faire trop de bruits.

C’est ce que je souhaite, la voir franchir cette porte et j’espère qu’elle acceptera de me parler pour qu’on puisse les choses au clair. Si elle décide de ne pas renouer nos liens familiaux après ça, je ne pourrai pas lui en vouloir et je n’aurai guère le choix d’accepter sa décision même si cela va me faire mal.

Ce message mystérieux retrouvé dans ma boîte aux lettres était plus qu'étrange. Quelqu'un voulait apparemment me filer des informations, mais pas chez moi, plutôt sur mon lieu de travail, dans un lieu public, mais je devais être seule. Ça avait de quoi être contradictoire quand on y pensait. La personne n'avait pas donné d'heure mais je supposais que ça se ferait le lendemain donc aujourd'hui. Sauf que comme je ne faisais pas l'ouverture il y avait à coup sûr une personne. Que se passerait-il si je n'étais pas seule ? Le message n'avait pas l'air d'être menaçant. Mais il était normale de se poser la question. Pour autant je n'avais pas plus d'information donc je m'étais résolus à rejoindre la bibliothèque où je travaillais. Il était encore tôt. L'endroit avait dû ouvrir il y a vingt minute environ. Je n'étais pas la plus à l'heure, mais il y avait pire dans l'équipe. En rentrant je saluais la responsable à l'accueil. Je pensais qu'aucun visiteurs de la bibliothèque était là. Mais alors que je quittais ma veste pour la garder autour de mon bras en attendant de déposer le vêtement dans le local du personnel, mon regard se posa sur une jeune adulte à une table. Elle me faisait face et sa présence me figea sur place quelques secondes. La peur point le bout de son nez. Mais avoir peur de sa petite sœur, dans ce contexte c'était un peu trop non ? Je ne l'ai pas revu depuis la dernière fois, cette fois où j'étais irrité, énervée, où j'avais balancé ce verre, où j'avais dépassé les bornes, où j'avais inquiété la famille avec mes paroles étranges pour le commun des mortels et où finalement on m'avait envoyé voir les blouses blanches. Depuis plus de nouvelles. J'avais fait silence radio de mon côté. Pas de nouvelles du leur. Mais pendant le temps j'avais réfléchi et je m'étais dis que à ma sortie, j'essaierais de renouer avec Rebecca. Les parents pouvaient aller se faire cuire un œuf, mais pas elle. Cependant entre ma reprise de travail, et disons le mon appréhension, je n'avais encore rien fait. Alors cette rencontre dans ce lieu tombait plutôt bien, n'est-ce pas ?

Je fis remarcher légèrement mes pieds pour quelques pas. Puis restant à une distance raisonnable de la table de ma sœur, je levais doucement ma main pour la saluer. Puis me tournant, je partis vers le local pour déposer ma veste sur le dossier d'une chaise, tout comme mon sac à main. J'en profitais pour souffler un bon coup. Je n'avais plus trop le choix sur la suite des éventements. Je ne pouvais pas faire machine arrière ni ignorer. Je devais renouer le contact. Elle n'allait pas me manger.

*Peut être que moi si*

Je secouais ma tête de droite à gauche rapidement pour tenter de chasser cette pensée, j’expirais un bon coup et je me lançais en sortant de la petite pièce. Ma soeurette n'avait pas bouger de sa place, toujours son bouquin devant elle. J'observais les alentours. Personne d'autres n'étaient entré. J'espère que mon visiteur mystère saura se montrer sans créer de problèmes. J'avançais donc doucement, les mains les mains un peu crispées sous le coup du stress. Puis arrivée à hauteur de sa table, je lançais la conversation :

« Salut Rebecca...Je peux m'asseoir ? »

Je désignais la place à côté d'elle. Si je voulais avoir un œil sur les nouvelles entrées dans la bibliothèque, cette place sera très bien. Et puis pour discuter tranquillement c'était mieux.
N'attendant pas vraiment son accord, après tout je bossais ici, je m'assis sur la chaise à côté d'elle. Voila le moment était venu, pour de bon. Par quoi commencer ? Je ne pouvais pas vraiment camoufler mon stress mais je devais me lancer. Par où ? Peut être par le début. Mon cœur battit assez rapidement rapidement à cause de toute cette appréhension et je prononçais les premières phrases :

« Je...Je voulais reprendre contact avec toi. Alors ta présence ici tombe plutôt bien...D'ailleurs qu'est ce que tu fais ici aussi tôt ? »

Je restais à l'affût de nouveaux arrivants au cas où. Mais je croisais les doigts pour ne pas être trop arrangé pour le temps avec Rebecca.

Le lendemain matin, après avoir posté le petit mot dans la boîte aux lettres de ma sœur, je me rends à la bibliothèque dès l’ouverture de cette dernière pour attendre Annabelle, espérant simplement que cette dernière pointera le bout de son nez. Cela ne me dérange pas de l’attendre toute la journée si il le faut vu que je n’ai rien d’autres à faire. Après avoir saluée la responsable et avoir pris place à une table avec un roman policier, je tourne les pages du livre sans réellement le lire. La femme à l’accueil remarque mon petit manège mais ne dit rien pour le moment. Une dizaine de minute plus tard, la porte d’entrée s’ouvre et je porte mon regard sur la personne en question. Remarquant qu’il s’agit de ma grande sœur, j’arrête de tourner les pages pour la fixer sans bouger, même après son petit signe de la main, c’est un peu comme si j’étais figée dans le temps.

Annabelle me fixe également avant de se rendre dans une autre pièce et revenir quelques instants plus tard dans la salle principale. Légèrement nerveuse à l’approche de ma sœur, j’essaye néanmoins d’esquisser un sourire histoire de lui montrer que je suis ravie de la voir même si je n’ai pas encore prononcé le moindre mot depuis son arrivée. Arrivée à ma table, elle me salue tout en me demandant si elle peut s’asseoir et j’acquiesce légèrement tout en prenant la parole à mon tour.

« Salut Annabelle, je t’en prie, tu peux prendre place. » Lui répondais-je tout en désignant la place.

Ne montrant aucun signe de joie pour le moment, je suis ravie qu’elle a accepté mon rendez-vous même si je n’ai pas réellement signé le petit mot que je lui ai laissé. Au passage, je remarque que ma sœur est entrain de stresser énormément et je suis un peu dans le même état qu’elle même si cela se voit moins chez moi. Annabelle prend à nouveau la parole pour me faire qu’elle voulait reprendre contact avec moi et que ma présence ici tombe plutôt bien. Ensuite, elle me demande ce que je fais ici et surtout de bonne heure.

« Moi aussi, je voulais reprendre contact avec toi, c’est pour cela que tu as trouvé un mot dans ta boîte aux lettres. Je ne l’ai pas signé car j’avais peur que tu viennes pas… C’était stupide de ma part. » Lui avouais-je tout en faisant une petite moue. « De plus, je tenais à te dire que je regrette de ne pas t’avoir cru lors de notre dernier repas de famille… Tu avais raison sur toute la ligne et je te demande pardon, grande sœur. »

Je suis très sincère dans mes propos et d’ailleurs, je n’arrive pas à retenir une larme qui perle le long de mes joues.