DOSSIER 109 - Projet impossible et fou. Pas moyen de faire vivre cette chose. Age ?
Inconnu. Consistance ?
Inconnue. Molécule faisant pratiquement vivre tout un écosystème, semble étrangement posséder une intelligence hors norme sans même posséder une conscience. Je n'ai jamais rien vu de tel ... Ils nous demandent de l'extraire, mais d'où ?! Cette femme ... Elle est complètement folle. Même si on y parvient, on risque de faire exploser la planète entière. Je ne comprends pas les intentions de Wolfram&Hart. Ils disent que les associés principaux savent ce qu'ils font ... Mais ...
Et si ils se trompaient, cette fois ? Je me demande si je n'ai pas fait une erreur en acceptant de descendre ici pour ce projet.
Ils vont trop loin.PREMIER MOIS.-
Lumière ... Jolie lumière ..., tu murmures.
Tes premiers mots. Tu les prononces en boucle sous leurs regards fades.
Polaires. Seules les onyx de la jolie blonde te semblent briller.
Si belle. Tu voudrais l’attraper. Mais on t'a dit non.
Ariana. Jolie, comme les lucioles. Tes doigts glissent lentement sur les barreaux froids. Ta seconde cage après l'enveloppe de chair et de sang.
Morte. Pas de coeur qui bat, bat, bat.
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Y a pas de boom boom boom ! Tu t'esclaffes, frappe ta poitrine et entonne un chant tonitruant et saccadé. Ils appellent ça un rire.
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Elle est complètement siphonnée ... Tu ne comprends que la moitié des mots. Alors tu penches la tête sur le côté, intriguée.
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Siphonée ! tu beugles de ta drôle de voix cassée.
Siphonée, siphonée ! -
Calme-là, j'en peux plus de ces jérémiades. Calmer. Tu sais ce que ça veut dire.
Tu paniques. Tes polaires cherchent la jolie blonde, écarquillées. Sans coeur qui bat, tes émotions sont différentes. Pourtant elle est là, l'angoisse !
Psychiques. Comme un écho jamais oublié. Et tu hurles son nom. Tu la supplies, tu t'accroches aux barreaux.
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Ariana ! Ta voix est celle d'une enfant apeurée.
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ARIANA ! ARIANA ARIANA ARIANA ! Tu frappes, tu hurles, tu tires sur les bâton de fer d'un air dément. Mais la morsures est déjà là, nichée dans ta nuque. Elle te cloue au sol. Elle immortalise ton ombre sur le béton. Et c'est le néant.
SECOND MOIS.-
Qu'est-ce qu'il a ?! Tu les entends s'affoler alors que ton venin s'immisce dans les veinules de la créature. Dès que tu l'as touché, quelque chose de sublime est arrivé.
La peur. Elle est revenue. Tu la sens, elle t'alimente et te nourrit. Tes babines s'étirent en un sourire heureux.
Joyeux. Tes paupières closes n'avisent plus rien si ce n'est ce que tu veux bien lui montrer. Tu l'as compris dès que ta peau a touché la sienne. Il s'est mis à hurler de peur et d'effroi. C'est bien, très bien ! Ton petit bonheur revient, ton petit cocon. Même dans cette cage aux barreaux froids. Tu inspires et expires, alors que la pièce devient froide, sombre.
Cauchemardesque. Comme avant, ou presque. Des tonnes de lianes serpentes sur les murs, des bestioles affamées grouillent dans l'ombre. Mais ce n'est qu'une illusion. Tel un voile levé et inaccessible. Une bouffée d'air s'insinue dans tes poumons alors que reprend pleinement conscience de toi. La conscience. C'est étrange et existant à la fois. Mais enfin, tu ne crèves plus de faim.
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Je ... Je sais pas, il est devenu fou dès qu'elle l'a touché ! On a tenté de la soigner. Son système a eu une réaction auto-immune à cause du réceptacle. Mais dès qu'elle a posé la main sur lui ... Oh bon sang ... Il est en train de mourir ! Elle va le tuer ! -
Arrête ça ! Tu l'entends, la voix de cette horrible bonne femme. T'en as appris, des mots, depuis que t'es là. Tes paupières s'ouvrent soudainement, bousillant ton précieux voile de bonheur. La réalité ennuyeuse et insipide revient. L'homme à tes pieds sanglote, triste. Pourquoi est-il triste ? La peur est un sentiment ... Un sentiment que tu n'avais jamais exploité avant. Ca ne fait pas longtemps que tu lui donnes un nom, d'ailleurs. Ton menton dodeline alors que tu t'écartes, pour mieux te rouler en boule au fond de ta cage.
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Elle ne sait pas du tout ce qu'elle fait ... assure l'homme en s’accroupissant aux côtés de ta nourriture.
C'est ce qu'il est devenu en t'approchant. Tu ne sais pas faire la différence.
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Bien-sûr que non, elle n'a une conscience que depuis deux mois, crache la femme en restant loin de toi.
Tu la fixes, effrontée que tu es.
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Son rythme cardiaque est très bas, il a frôlé la crise cardiaque. Je l'emmène en urgence dans notre sale d'opération.
Tant de nouveaux mots inconnus. Tes bras entourent tes guibolles soudées entre elle. Ton menton planté sur tes genoux. Tu n'aimes pas ça, quand tout t'échappe.
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Non.Sec.
Directe. Tu relèves la tête, intriguée.
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Mais ... Il va mourir ! -
Je m'en fiche, laissez-le ici. Elle n'a pas fini de manger.Un sourire étire tes lippes. Tes babines humides. Joie. Tu la retrouves. Cette femme n'est pas si méchante que ça, après tout.
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Vous êtes folle ! -
LAISSEZ-LE.Tu sursautes, surprise et prise de court par le ton sévère de la jolie rousse aux traits sévères.
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C'est ça, c'est comme ça qu'elle se nourrit. Donnez-lui le corps immédiatement. Si elle meurt, le projet échoue. Elle a l'air de ne pas l'aimer, ce mot. Mort. Encore un principe qui t'échappe. Toi, tu y trouvais la joie, au royaume des défunts. Mais tu ne bronches pas. Ce n'est pas grave, il se transformera en jolie luciole, n'est-ce pas ? C'est toujours comme ça, quand tu as terminé ton délicieux repas. La moue contentée, tu marches à quatre pattes sur le sol alors que l'autre humain se décale précipitamment. Celui à terre tremble à ton contacte. Et le film recommence lorsque tu fermes tes paupières. Ton monde ... Alors c'est comme ça que tu peux le voir, à présent. En touchant ces choses organiques. Leur âme logée à l'intérieur. Ton sourire revient à nouveau, figée sur ta bouille aux joues rosée sur peau de marbre.
Tu ne voix ni son regard fasciné à elle, ni sa mine écœurée à lui.TROISIÈME MOIS.-
Parfois ... Les ... Les gardes me disent des choses. Alors je vérifie dans le dictionnaire. Le dernier mot, c'était 'folle'. Il le répétait tout le temps, et tu sais, j'ai découvert les synonymes et il existe pas mal ... De mots différents. Tu barguignes, inspire longuement et fronce les sourcils. Certaines expressions t'échappe. Mais tu refuses de t'exprimer comme un enfant, pas comme ces babouins.
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Je peux t'en citer beaucoup ! Regarde ! aliénée, anormale, cinglée, cintrée, crétine, démente, désaxée, déséquilibrée, dingue, folingue, forcenée, frappée, hallucinée, inconsciente, insensée, névrosée, obsédée, paranoïaque, piquée, possédée, schizophrène, sonnée, timbrée ! Mais avec eux, c'est toujours folle, folle, folle. La folle ! Tu ponctue chaque mot de manière saccadée, incapable de terminer tes phrases sans avoir l'air de disjoncter. Tu reprends ton souffle, inspire longuement en fermant les yeux et rouvre tes paupières, comme si une ampoule venait de s'allumer au dessus de ta tête.
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Ils disent que c'est mal ! Qu'être comme ça, c'est de l'hérésie. Moi j'y crois pas, je vois juste ce qu'eux refusent de voir. C'est mal ? Quoi que, je vois pas la différence ... Les principes humains me dépassent. Rien que le mot archaïque m'épate. Tout son concept me perturbe.----
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Stop, arrêtez la cassette, ordonne la voix cassante de Duval.
La rouquine penche sa silhouette, posant une main sur la table de contrôle. Iris rivées sur les différents écrans à tube.
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... Son développement est bien plus rapide depuis ...Mais elle s'arrête, jetant une œillade au gardien tout en grimaçant. Les murs ont des oreilles, particulièrement dans les cabinets de Wolfram&Hart.
- Renvoyez-moi ça aux archives et effacez les bandes originales.
Aucune trace.
SIXIÈME MOIS -
Arrêtez-là ! Chaos. Tes poings surgissent du néant pour s'acharner contre les barreaux. La rage t'empoigne. Cette fichue cage t'angoisse. Tu veux de l'air, de l'espace. Ils t'ont montré ces images. Dehors.
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DEHORS ! tu hurles, tords la cage à chaque fois que tes mains la percutent.
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Injectez-lui un calmant ! -
On a essayé, elle l'a arraché et l'a renvoyé dans la tête de Mark ... Tu devines que la sorcière rousse s'est détournée pour jauger le corps inerte du dit Mark. Ta rage te fait voir tellement rouge.
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Je croyais que les shamans avaient ensorcelé cette foutue cage ! que tu l'entends hurler, hors d'elle.
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Ils l'ont fait ! Vous l'avez trop nourrie, elle a regagné de la force. Et on a toujours pas de réceptacle adéquate. Si ça continue, le corps ne tiendra pas.
Soupire. Toi tu continues, tu t'acharnes. Ses barreaux grincent et hurlent à chacun de tes coups. Il résistent, mais pas suffisamment. Malgré tes mains ensanglantées, tu persistes avec hargne.
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Vanessa, vous devez nous aider, où-est-ce que vous allez ?! Mais revenez ! BAM. BAM. BAM. Tu t'acharnes. Tu n'es plus que violence. Un état dans lequel tu ne t'es jamais encore perdue. Tu penses bientôt faire craquer les barreaux, jusqu'à ce qu'une nouvelle fléchette perce ta chair. Sûre de toi, tu l'arrache, prête à la planter entre les deux yeux de l'autre garce démoniaque. Tu sais ce qu'elle est vraiment.
Et tu détestes ça. Mais alors que ta main s'élève, le néant s'empare de toi. Et les seules brides de paroles que tu perçoivent sonnent le début de ta fin.
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Rappelez les Shamans. On va renforcer les sortilèges. Sur la cage et sur elle.