Francesco Rosario

Francesco est né au sein d’une famille aisée, installée dans les environs de Venise, et s’est très rapidement distingué des siens par son refus de promettre allégeance à la religion chrétienne, alors influente dans la région. Aux yeux de son père, l’existence du garçon se traduisait par une vague d’honte, une mauvaise plante dont il est pénible de se débarrasser. Effectivement, le vampire fut bien loin de pouvoir prétendre incarner les valeurs morales que ses parents avaient tâché de lui inculquer dès son plus jeune âge. Curieux et à la recherche de nouvelles sensations, ce dernier s’était rapidement tourné vers les plaisirs de la chaire après avoir réalisé être attiré par la gente masculine, accumulant ainsi les conquêtes discrètes à la sortie des pubs de l’époque et laissant chaque fois un peu plus, après chaque homme enlacé, le prestige de son nom s’enfouir dans les ruines de sa ville natale.
En outre, Francesco est apparu de son vivant comme un garçon souriant, rieur et d’une affection rare qu’il offrit aux mâles avec lesquels il partageait sa couche, le temps d’une heure ou deux. Le regard expressif, Rosario semblait être la définition même de l’expression « à livre ouvert », le rendant ainsi facilement exploitable par autrui et ne laissant guère de place pour le mensonge dans sa bouche.

Une fois transformé en vampire, Francesco changea ; il évolua. Sa curiosité naturelle et son appétit sexuel s’étaient amplifiés. Néanmoins, à l’inverse du jeune homme qu’il avait été, il ne se souciait guère plus d’agir dans la discrétion de ses proches, affichant désormais ses déboires aux yeux des passagers nocturnes. De même, sa face rieuse laissa place à un rictus malsain et son visage, toujours aussi expressif, définissait ses envies les plus bestiales et la violence que recouvrait son corps désormais dénué de couleurs. Son langage s’était fleuri et sa vulgarité, à la fois vestimentaire et linguistique, se déversait dans chacun de ses souffles. Enfin, le sarcasme et la cruauté humaine qui l’habitaient se présentaient comme ses nouveaux maîtres, créant un fossé avec son physique d'ange auquel on confierait volontiers le bon Dieu.