Rebecca Lafont - Ce n'est pas ma vie.

Dis-moi qui tu es et je te dirai qui je suis ? En ce qui me concerne, il m’arrive parfois d’avoir un peu de mal à me cerner. Je ne suis pourtant pas une fille bien compliquée même si les autres me font la remarque à ce sujet et je préfère donc les ignorer. Prenons par exemple mes deux colocataires, Lindsey et Deborah. Elles me trouvent un peu trop maniaque à leurs goûts et cela n’est pas du tout le cas car je ne suis pas comme ça. J’aime quand l’appartement soit rangé correctement, évitant de laisser traîner toutes sortes de choses un peu partout et je n’aime pas qu’on déplace des choses sans me demander la permission. A part ça, je ne suis pas chiante, bien au contraire, je suis quelqu’un de bien et le peu d’amis que j’ai, peuvent le confirmer.

Concernant ma famille, tout se passe parfaitement bien entre mes parents et moi mais je ne peux pas en dire autant avec ma grande sœur, Annabelle. Elle et moi sommes totalement différente, c’est à cause de cela que nous ne sommes pas sur la même longueur d’onde. D’ailleurs, il ne faut pas oublier que cette dernière a terminé dans un hôpital psychiatrique suite à certains délires qu’elle a osé nous divulguer et il faut reconnaître qu’aujourd’hui, je commence à la croire… Elle n’est peut-être pas aussi folle que ça la frangine.

Côté cœur, j’ai eu une aventure avec un garçon mais je dois reconnaître que les filles me plaisent aussi et je ne m’en cache pas du tout. L’idéal pour moi serait que je me retrouve en couple avec une fille et un garçon en même temps mais je suis certaine que mon ou ma partenaire n’appréciera pas du tout de me partager avec une autre personne, c’est dommage. Cependant, étant une personne convenable, je promets de rester fidèle à la personne qui arrivera à gagner mon cœur… Parole de potentielle… Euh non, je ne veux pas de cette vie donc je recommence… Parole d’étudiante universitaire.

Le 15 mars 1990 : Un nouveau journal que je compte ne pas dévoiler.

Cher journal. Il m’est difficile de tout  retranscrire ce qu’il y avait sur ta première version mais une chose est certaine, ta disparition a été causée par Lindsey et Deborah, mes colocataires. Elles ont du te mettre la main dessus pendant que j’avais le dos tourné, lire tous mes secrets avant de te faire disparaître. Mais rassures-toi, elle n’arriveront plus à te mettre la main dessus ou du moins sur ta nouvelle version. Cependant, je garde néanmoins l’espoir de te retrouver un jour en espérant que tu n’as pas fini en cendres et je te promets que ce jour-là, je continuerai à utiliser tes pages afin de les remplir avec mon écriture.

Le 7 avril 1990 : Ma sœur est devenue folle.

Cher journal. Ma grande sœur Annabelle, dont je t’ai déjà parlé dans ta précédente version, a complètement disjoncté. Lors du repas familial de ce soir, elle nous a fait part d’une chose assez délirante, il faut le reconnaître. Elle prétend avoir été attaquée par un loup-garou et j’avoue que sur le coup, j’ai du me retenir de lui rire au nez. Cela n’a pas été facile mais histoire de ne pas la rabaisser un peu plus, j’ai fait énormément d’effort. Cependant, je n’ai pas pu m’empêcher de parler de sa vie privée et ça a commencé à dégénérer. Elle a critiqué mon copain, chose que je n’apprécie guère et je suis certaine que c’est de la jalousie car elle est seule dans sa vie. Du coup, je lai aspergé d’eau et elle en a fait de même avant de me balancer son verre à la figure. Heureusement que je n’ai pas été touchée et j’avoue être choquée par son comportement. Qu’est-ce qui se passe dans sa tête ? Je n’arrive plus du tout à la cerner car elle a complètement changée.

Le 12 avril 1990 : Annabelle a été admise dans un hôpital.

Cher journal. Aujourd’hui, mes parents ont pris la décision de faire interner Annabelle afin de lui venir en aide et cette dernière n’a pas du tout apprécier cela. D’ailleurs, je pense qu’elle ne souhaite plus nous voir après ce coup porté dans son dos et même si je n’y suis pour rien dans cette histoire, je la comprends. Mais si mes parents ont agi de cette façon avec elle, c’est pour son bien et plus tard, elle finira par les remercier. Il est vrai que je ne m’entends pas bien avec Annabelle mais elle est ma sœur malgré tout et je m’inquiète pour elle même si je ne lui montre pas du tout. J’espère qu’elle ira mieux après son séjour dans cet hôpital et je compte essayer de recoller les morceaux avec elle car je l’aime bien malgré nos différences.

Le 26 avril 1990 : Un homme étrange m’a abordé aujourd’hui.

Cher journal. Sortant des cours, je me suis faite abordée par un homme en costume et j’avoue avoir été assez surprise suite à ses paroles. Ce dernier m’a avoué que j’ai été choisie pour combattre le mal. J’ignore si il prend de la drogue ou autres choses dans le même genre mais par respect, je me suis retenue de rire car je ne le connais pas du tout cet homme là. Pendant un moment, j’ai cru avoir en face de moi ma sœur mais en version masculine. Peut-être que lui aussi, il devrait aller faire un séjour dans le même genre d’hôpital que ma chère Annabelle, je crois qu’il en a grandement besoin.

Le 3 mai 1990 : Cet homme continue de me harceler.

Cher journal. Depuis ma première rencontre avec cet homme en costume, j’ai l’impression de le voir tous les jours. Je suis certaine qu’il me suit partout où je vais et je commence à en avoir assez surtout qu’il est revenu vers moi pour me parler de sa précédente conversation. Je ne crois pas en l’occulte et je ne suis pas l’une de ses potentielles comme il le prétend. Il ferait mieux de me laisser tranquille car je ferai appel aux forces de l’ordre la prochaine fois. Cela commence à me…

Décidant de stopper l’écriture de mon journal intime suite aux bruits résonnants dans l’appartement à cause de mes deux colocataires, je me lève de mon lit pour sortir de ma chambre pour aller voir ses dernières. Lindsey et Deborah ont décidé d’organiser une petite fête à mon insu et j’aimerai pouvoir profiter de mon espace vital sans être dérangée par leur musique. Pénétrant dans la pièce principale, je constate qu’il y a plusieurs personnes avec elles et je m’approche de ses dernières pour m’adresser à elles.

« Salut les filles, serait-il possible que vous fassiez moins de bruits ? »

-La musique ne te plait pas, Rebecca ? Me demanda Lindsey.

-Tu n’as qu’à mettre des bouchons dans tes oreilles. Répliqua immédiatement Deborah en augmentant le volume.

Les invités ne se privent pas pour se moquer de moi et je retourne dans ma chambre sans un mot pour conclure rapidement la page de mon journal.

Cher journal. Je termine cette page en avouant que je vais sortir prendre l’air malgré l’heure, histoire de me changer les idées et d’éviter de faire un scandale. Sérieusement, elles commencent à dépasser les bornes à faire ce qu’elles veulent surtout que nous sommes trois à  habiter dans cet appartement.

Fermant mon journal intime, j’en profite pour le mettre en lieu sûr avant d’attraper ma veste et de verrouiller ma chambre pour empêcher quiconque d’entrer dans cette dernière. Traversant la pièce, je lance un regard noir à mes deux colocataires qui continuent à se moquer de ma personne et je sors pour aller faire une promenade à l’extérieur. Parcourant les rues à une heure aussi tardive, je ne suis pas du tout rassurer car on ne sait jamais, je pourrai faire une mauvaise rencontre. D’ailleurs, j’ai l’impression qu’on me suit même si à première vue, il n’y a personne dans la rue. Jetant un coup d’œil derrière moi, je ne vois personne et lorsque j’observe à nouveau devant moi, je sursaute car Mathieu, mon copain, se trouve face à moi.

« Punaise Mathieu, tu aurais pu me prévenir que tu arrives, tu m’as foutu une de ses trouilles… »

-Désolé Rebecca mais j’avais envie de te voir ce soir.

« Dit le mec qui n’a plus donné signe de vie depuis quelques jours… »

-Disons qu’il m’est arrivé quelque chose de merveilleux et j’ai envie de le partager avec toi. Ajouta-t-il après mes paroles.

« Et c'est quoi cette chose que tu souhaite partager avec moi, hein ? »

Mathieu détourne sa tête sur le côté et lorsqu’il reporte son attention sur moi après quelques secondes, son visage a complètement changé. Sur le coup, je sursaute mais après j’ai l’impression qu’il se moque de moi et ce masque l’aide beaucoup.

« Mais tu es con ou quoi ? Enlèves ce masque, ce n’est pas encore le moment de faire le carnaval. »

Décidant de ne pas répondre, Mathieu s’approche de moi pour m’attraper et il essaye d’atteindre mon cou pour une raison inconnue.

-Laisses-toi faire, Rebecca.

« Qu’est-ce que tu fais ? »

Bien entendu, je ne me laisse pas faire et durant quelques secondes, j’arrive à le maîtriser en lui enchaînant plusieurs coups bien placés. Le jeune homme étant maîtrisé et allongé sur le sol, je m’éloigne de lui en pressant le pas.

« Ne t’approches plus de moi, Mathieu… Tout est fini entre nous. »

Retournant dans l’appartement ou la fête y est toujours présente, je me presse de retourner dans ma chambre afin de me remettre de mes émotions et pour saisir mon journal intime afin de reprendre l’écriture.

Le 4 mai 1990 : Mathieu est devenu complètement fou.

A ma grande surprise, durant ma sortie, j’ai croisé Mathieu et il a agi d’une façon étrange avec moi. Il a essayé de m’agresser mais j’ai réussi à me défendre pour m’en sortir. D’ailleurs, j’ignore ou j’ai appris à me battre de cette façon mais c’est toujours bon à savoir et je dois reconnaître que je suis parfaitement calme, chose qui est assez étonnante surtout venant de moi. Je ne le considère plus du tout comme mon copain vu qu’il a essayé de me faire du mal mais je me demande si il n’est pas devenu l’une de ses créatures ? Je nage en plein délire là, un peu comme cet homme en costume et ma sœur mais imaginons un instant qu’ils ont raison ? Imaginons que je suis réellement une potentielle destinée à combattre les forces du mal ?  Si c’est le cas, je ne veux pas de cette vie, je n’ai rien demandé. Je compte continuer à mener ma petite vie tranquille, même si Lindsey et Deborah font tout pour me la compliquer. Je compte bien réussir mes études et pour cela, il faut que je mette les soucis des créatures ou autres choses du même genre de côté.

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