Paris, 1940.
«
Les schleus sont à nos portes ! »
Dans les rues, ils beuglaient tous tandis que les troupes Allemandes commençaient à envahir Paris sans qu’aucune âme qui vive ne puisse rien y faire. Des coups de feux retentissaient parfois, au loin, à l’angle d’un carrefour, les horribles sons de cette langue morte arrivant jusqu’à ses tympans. Dans la panique, Gabriel serrait fort le cou de son père qui marchait à vive allure pour espérer atteindre leur petit appartement de fortune misérable où il n’y vivait plus qu’eux. Il n’y aurait pas de morts dans leur quartier de misère ce jour-là, juste une occupation et un début de pénurie qui s’installait à grands pas, sans qu’aucun d’eux n’ait son mot à dire.
***
Dans un souffle, il se réveille le garçon de huit ans, né d’une mère française et d’un père irlandais dont il a récupéré le nom. Gabriel, c’est comme ça que sa magicienne de mère a tenu à ce qu’on l’appelle, son père ayant le monopole du deuxième prénom à inscrire sur sa carte d’identité. Un cauchemar, il vient d’avoir un simple cauchemar qui le tétanise pourtant de peur et de craintes. Angoisse qui aussitôt s’envole lorsqu’il voit arriver la silhouette familière dans la pièce, ce dernier allumant une veilleuse et venant se caler sagement sur le bord du lit de son fils.
«
Encore un mauvais rêve Gabe ? ». Les yeux grands ouverts sur ces billes d’ébènes, le garçon opine du chef et se redresse dans son lit sans oser venir pour autant se coller à son père. «
Ta mère en faisait souvent aussi, et tu sais ce qu’elle faisait dans ces cas-là ? ». Il signe à la négative, doucement, sans dire un mot mais attendant la suite. «
Elle se mettait à chanter une chanson dans sa tête, ou tout simplement à la fredonner jusqu’à ce que le sable de Morphée ne vienne fermer ses paupières lourdes. Celle qu’elle préférait, celle qu’elle te chantait quand tu avais à peine un an. Tu t’en souviens ? ». Gabriel sourit et acquiesce une nouvelle fois, les traits de son visage laissant penser que les souvenirs de ce mauvais rêve étaient déjà oubliés. «
Avoir peur, c’est normal mon fils, mais tu dois puiser en toi la force de l’affronter. Cette force elle est là… ». Du bout du doigt il vient tapoter la cage thoracique du garçonnet, juste au niveau du cœur. «
Elle est à l’intérieur. La peur, le désespoir et la tristesse, tout ça peut être battu si tu en as la force. Le courage est toujours tapi là, et il sera toujours avec toi si tu le laisses s’y frayer une place. ». Gabe offre une petite moue après avoir été convaincu par les mots réconfortants de son irlandais de père. Pourtant… «
Ca veut dire que nos voisins n’ont pas trouvé leur courage, Papa ? Les allemands font peur à tout le monde. ». Le père Walshe hoche la tête en pinçant les lèvres. «
Oui, et non, c’est un peu plus compliqué que ça, quand tu seras plus grand tu comprendras. Sache juste que tu ne crains rien. Rendors-toi maintenant, tu sais quoi faire si tu fais un autre mauvais rêve. Je ne serai pas loin, juste dans la pièce d’à côté, comme toujours. ».
***
Une année s’est écoulée et avec elle la pénurie s’est aggravée. Les rationnements viennent à manquer, les allemands passant toujours en premier. L’hiver était à son apogée, froid et glacial et venant givrer le sommet de la tour Eiffel d’où trônait fièrement la maudite croix gammée. Les fins de mois sont difficiles, le père Walshe travaillant deux fois plus, obligé de supporter les railleries et les moqueries indirectes sur son accent de faux français. Mais il n’y a pas que ça, vivre en ces terres devient plus compliqué avec une bouche en plus à nourrir, l’école où il convient de l’emmener et tous les tracas quotidiens de la vie. Ils connaissent la misère, tombent dans la déchéance au fur et à mesure. Lui vient alors une idée folle, celle de retourner en Irlande, après tout, rien ne les retient ici, malheureusement il n’y a qu’un seul sauve conduit. Une seule place.
Ce matin-là, il pense qu’il va encore devoir étudier l’allemand à l’école et avance à reculons. Son père est exaspéré et il le sent angoissé et nerveux sans réellement pouvoir dire pourquoi. «
Pouquoi tu as… ». Mais il se fait couper court. «
Pas maintenant, Gabriel, nous sommes en retard. Viens. ». Et il tire un peu plus sur le bras de son fils qui cavale déjà à ses côtés comme il peut dans les rues de Paris. Lorsqu’ils ne bifurquent pas à l’angle de la rue de l’école, le garçonnet s’interroge d’autant plus mais ne dit rien, il a tout juste neuf ans et comprend plus de choses que ce que son père veut bien y croire. Après plus d’un quart d’heure de marche, évitant tout juste les vélos-taxis, ils arrivent enfin devant l’antre d’une maison aux allures délabrées, méritant clairement un ravalement de façade. Levant des yeux d’incompréhension entre son père et les marches qu’ils se mettent à gravir, il continue de s’exécuter.
«
Vous êtes en retard Monsieur Walshe. ». L’irlandais s’indigne et offre un petit mouvement de tête respectueux à l’homme en treillis qui lui fait face, la croix gammée ornant son bras. «
Veuillez m’excuser Sergent, nous avons été ralentis. ». Sans attendre un peu plus, l’allemand boursoufflé à l’estomac probablement rempli de bière se rapproche et les surplombent de toute sa taille imposante. «
Pas le temps pour les adieux, nous n’avons plus de temps à perdre. ». A ces mots, Gabriel fronce légèrement les sourcils avant de se tourner vers son père qui ose à peine le regarder, puis, sans attendre, il sent sa main précédemment serrée par celle de son paternel être tendue comme un vulgaire morceau de viande à celle de l’homme qui leur faisait face. «
Qu… Quoi ? Papa ? ». Il ne comprend pas, le regarde avec incrédulité alors qu’il se fait déjà tirer en avant, son sac d’école toujours sur le dos, ce dernier comprenant en fait le peu d’affaires qu’il possédait, dont une rare photo de famille usée et cornée par le temps. «
Je suis désolé mon fils, un jour tu comprendras. ». Non, il ne comprendra pas. Gabriel sent les larmes lui monter aux yeux tandis qu’il se débat pour sortir de l’étreinte du schleu qui l’agrippe fermement. «
Non, Papa ! Non ! C’est nous deux contre le reste du monde. Nous contre le reste du monde ! ». La panique se lit dans son regard quand son père se détourne de lui pour ne pas montrer de faiblesse et la peur qui l’envahit. La honte le surplombe et émane de tout son être, dos courbé qui détale les marches quatre à quatre et disparait dans la brume de cet hiver parisien glacial. «
Non ! Reviens ! Reviens ! ».
***
Dans un souffle, il s’effondre sur le sol, violemment poussé en arrière. Il n’a que neuf ans et il n’a plus de parents.
«
Qu’est-ce que tu ne comprends pas, misérable ver de terre, dans : ton irish de père s’est fait la malle en touchant le maigre pactole qu’il pouvait avoir en te vendant aux Allemands comme un vulgaire gagne-pain afin de pouvoir repartir dans son trou du cul de bouseux ? Arbeit ! »
La règle en bois vient finalement claquer ses doigts avec force et Gabriel sursaute, réprimant les larmes et ne quittant pas ce fumier de schleu des yeux. Il est retourné à l’école, le matin, l’après-midi il aide comme il peut en mettant de la poudre dans les balles ou en triant des vis. En dehors de ces journées remplies, on l’a confié à un homme d’âge mûr, partisan de la cause Allemande. Faussement, du moins, mais ça Gabriel ne le sait pas lui. Pas encore. Tout comme il ignore que son cher père de substitution n’est rien d’autre qu’un sorcier. Son père biologique, dans son immense bonté, s’est assuré qu’on le confie à la bonne personne, celui qu’il aurait dû rencontrer en d’autres circonstances, si la guerre n’avait pas eu lieu, et si la vie ne s’était pas montrée aussi garce. Marius était bien plus qu’un simple mortel, et sa mission, résidait entièrement dans l’éducation et l’initiation magique de Gabriel.
Paris, 1951.
L’occupation s’est arrêtée en 1945, la guerre était terminée. Dans les rues, les chants et les défilés, Paris enfin délivrée. Tombés les drapeaux à la croix gammée et les âmes esseulées enfin pouvaient se relever. Il avait alors 13 ans et dans l’ombre il avait appris. Enfant sans parents, il en apprit bien plus avec Marius en quatre ans qu’il n’en apprit en huit avec son irlandais de père pour qui il ne vouait plus qu’une indifférence méprisante, perdu en pleine adolescence. Apprenti du sorcier plus âgé, voilà ce qu’il était, et voilà ce qu’il détestait. Au fil des ans, Paris avait beau avoir été libéré, Gabriel n’oubliait pas ce qu’on lui avait infligé et ne cessait de retenir cette amertume profondément ancrée en lui. En réalité, tout son monde avait été chamboulé à partir du moment où il a été en mesure d’utiliser la magie pour la première fois. Il avait beau n’avoir fait voler que de simples objets, l’adolescent ne s’en était senti que plus fort, voir invincible, dans la terrible idée de faire payer ceux qui un jour avait osé se croire meilleur que lui. Le bouledogue allemand à la silhouette massive était tombé depuis bien longtemps maintenant. Un « vulgaire accident ». Le regard de stupeur qu’il avait lu lorsque l’acide était venu ronger ses chaires sans qu’il ne puisse rien y faire. Un véritable jour de paix. A mort les occupants. Marius n’en a jamais rien su, juste soupçonné l’horreur sous les regards rieurs de son protégé qu’il s’évertuait de mener dans la bonne voie. Jusqu’à l’âge de ses 18 ans. Il y crut, Gabriel dans l’ombre de ses pouvoirs, usant de potion et s’évertuant à faire le bonheur de son cher maître sorcier. Son maître chanteur.
***
«
Tu n’as pas mis le bon ingrédient Gabriel, je t’ai pourtant déjà répété milles fois que ce n’est pas de la poudre d’os de chat qu’on met dans ce breuvage mais de l’os de vache ! ». Dit comme ça, ça ressemble à un vieux remake de Merlin l’enchanteur qui ne sait plus s’il doit mettre de la bave de limace ou de la corne de licorne. Soupir au bord des lèvres, le jeune homme roule des yeux, il n’en peut plus, il n’écoute plus et continue de remuer sa décoction, au grand damne de la patience de son vieux ménestrel qui sonne la danse. «
Qu’est-ce que je t’ai dit ? Tu m’écoutes seulement quand je te parle ? Quand apprendras-tu que tout ce que je fais, je le fais uniquement… ». Gabriel le coupa sèchement. «
Pour mon irlandais de père ! Oui ! Je sais ! Celui-là même qui s’est lâchement barré en me vendant à un allemand pendant la seconde guerre et qui n’est jamais revenu ! Tout ça pour quoi ? Pour pouvoir se barrer sur ses terres natales et éviter les horreurs de cette misère tout en ayant pas à se soucier de son sorcier de monstre de fils ! ». Marius se figea instantanément, lisant toute la colère dans les yeux de cet adolescent qui sortait tout juste de sa période de crise. «
Ton père ne voyait pas ta mère comme une abomination mais plutôt comme quelqu’un disposant d’un don, Gabriel. Tu n’es pas atterri entre mes mains par hasard. Il voulait que tu sois initié au mieux à cet art qu’il ne maitrisait pas et ne pourrait jamais maitriser. ». Le jeune remue le liquide avec ferveur, menaçant de tout faire déborder. «
Wow… Quel superbe geste mon cher maître des potions, à la botte des allemands puis à votre botte, les meilleures années de ma vie. Fick dich ! ». Ca devrait être lui aux commandes et non l’inverse, il est doué, il sait ce qu’il fait mais Marius ne le comprend pas et a peur. Il le sent, le lit dans ses yeux. Ce vieillard a peur de quelque chose. La conversation ne s’arrêta pas là. Pas après l’insulte germanique qu’il venait de lancer et les hostilités qu’il venait d’ouvrir. Il le sentait au fond de lui, cette envie, ce besoin d’avoir plus, d’être plus fort et de pouvoir écraser ceux qui s’étaient permis de le faire. Ca, Marius le sentait, c’était belle et bien là sa frayeur, sa peur constante et il se voyait perdre le contrôle sur l’apprenti. «
Ne cède pas à cette soif, Gabriel. Tu vaux mieux que ça. Tu connais les risques, je t’ai toujours fait y prêter attention. ». Le jeune adulte se met à souffler, rire aux coins des lèvres. «
Pas assez. ». Et il apparut au grand jour, le don inné, cette capacité à manipuler, à se rendre indispensable tout comme la soif qui grandissait en son sein, à l’intérieur de lui, noircissant son âme déjà ternie par les ans et la pénurie.
Eux deux contre le monde. S’ils ne pouvaient être deux alors ce serait lui tout seul, contre le monde.
La découverte le rendit perplexe mais ne l’effraya pas, pire encore, il l’apprécia. Ce sentiment d’annihilation, cette envie de lutter qu’il lisait dans les prunelles de l’autre qui pourtant ne désemplissait pas de vouloir lui faire « plaisir », qui pendant un laps de temps osait à peine moufter ou le contrarier. Il mit plusieurs mois avant de comprendre et d’en apprécier tous les effets. Le côté temporaire, il le comprit bien vite, et si pendant un temps il se permit d’en user encore et encore afin d’avoir Marius dans sa poche et comme professeur qui n’avait plus rien d’agaçant, il ne put continuer ce manège indéfiniment. Alors du jour au lendemain, Gabriel quitta les lieux, son sac sur le dos.
Paris, 1963.
«
Ethain.-
Rosaline. »
Tout avait débuté sur cette simple note, ce simple échange de prénom. Rosaline avait des boucles d’or, le teint diaphane et des océans en guise de prunelles dans lesquelles il faisait bon s’y perdre. Il alors alors 23 ans lorsqu’ils se sont tous deux rencontrés, elle simple humaine quand lui se laissait dévorer par sa propre addiction à la sorcellerie. Un sorcier qui s’entrainait, et qui abusait de son don inné. Mais pas là, non. Avec Rosaline, tout s’était fait, comme ça, et il n’avait nullement besoin d’user de quelconques artifices pour l’impressionner ou encore pour se sentir aimé. L’amour rend aveugle, si bien que l’on peut vite y perdre ses ailes lorsque ce dernier ne suffit plus et que la recherche du pouvoir se fait d’autant plus grande, à mesure que les jours passent et s’effritent.
Trente et un an. Quasiment une vie avec elle. Huit années partagées mais aucun enfant à naître. Il n’était pas prêt. Il n’est pas prêt. Il l’aime comme au premier jour, Rosaline, mais elle n’est plus assez. Il l’aime comme au premier jour, Rosaline, mais ses capacités magiques n’ont nullement progressées. Il s’enferme dans ce quotidien, se noie dans peaux de chagrin et les colères sans lendemain. Ils se disputent et se déchirent mais il l’aime comme au premier jour, Rosaline. Elle n’est plus assez, sa Rosaline. Avec ses boucles d’or et ses billes océaniques. Son âme est noire et ne désemplit pas, il a besoin de plus Ethain, là où la richesse est tombée dans leurs mains, là où tout ce qu’il touche ne devient plus qu’or à l’image de ces boucles, entre ses mains. Mais il a besoin de plus, Ethain, et ça le ronge de l’intérieur, lui dévore les chairs et l’enferme dans un moule qu’il ne souhaite pas. Il voit les années passées, Ethain et le pouvoir recherché non encore obtenu. Le temps défile à vitesse grand V pour lui, pour eux. Et il l’aime sa Rosaline, Dieu sait combien il l’aime à l’instant même où il l’assassine.
Le sorcier a passé un bien triste accord, l’un des plus sournois qui soit. Il y a lu toutes les petites lignes et les interlignes, a déchiffré encore et encore tous les malus qui pourraient bien s’y cacher. Qui aurait pu croire qu’un démon avait eu à faire à son épouse par le passé et que cette dernière ne lui avait laissé qu’un mauvais souvenir. Qui aurait pu croire que ce serait là le prix à payer pour un vieillissement retardé. Certainement pas Ethain, car il l’aime sa Rosaline. Encore aujourd’hui, c’est tapi au fond de lui. De sang-froid, il avait planté la lame dans son cœur battant, les yeux à peine papillonnant. Son propre cœur il l’avait senti s’arrêter, au moment même où le couteau était venu se planter dans la chair, traversant avec aisance cette peau diaphane qu’il avait tant de fois effleuré, caressé du bout des doigts. La vision d’horreur il la lut dans son regard, et comme pour ne pas qu’elle souffre davantage, il camoufla cet acte de trahison par un pur acte de compassion. Il s’insinua dans son esprit, balayant toute pensée biscornue, il y tailla dans la chair de ses souvenirs, celui de mourir pour sa vie à lui. Ce ne fut que lorsqu’elle a rendu son dernier souffle, yeux ouverts sur l’étoile du monde qui luit, qu’une larme apparut sur ses traits défaits. Monstre de la nuit, monstre de sorcellerie. Il avait vendu son âme au diable juste pour retarder considérablement l’échéance de sa décadence. Une fois la preuve de son méfait accompli, Ethain put le sentir, ce changement opérant en lui, l’horloge de sa vie ne battant plus qu’à un quart de mesure, le poussant droit vers les années de ce qu’il espérait être une grande destinée.
Paris, de nos jours (1990).
Because I'm bad, I'm bad, you know it. Really really bad. And the whole world has to answer right now, just to tell you once again... Who's bad.Il tapote des doigts sur son bureau qui offre une vue magnifique sur le champ de mars. Sirotant son scotch d’un certain âge, il n’a pas pris une seule ride et il fredonne gaiement la chanson entêtante qui ne cesse d’être diffusée depuis son lecteur vinyle. L’air est aux cassettes mais il apprécie toujours autant le son des vinyles, quand bien même il ait les moyens de s’acheter ce qu’il veut. Le script défile sous ses yeux à demi intéressés tandis qu’en second fond sonore résonne la sombre voix de Dark Vador étant en train de répéter inlassablement à Luke son adorable «
I am your father ». Levant et serrant le poing devant lui, ses lèvres forment le tout aussi célèbre «
Noooo » de façon muette quand le téléphone se met à sonner comme un forcené. Ils devraient vraiment trouver autre chose comme son, c’est tout bonnement… Hideux pour les nerfs.
D’un air agacé, il appuie sur le bouton et marmonne dans le combiné.
«
Je vous ai déjà dit combien cette sonnerie est horrible pour mes oreilles Annie, par pitié on ne pourrait pas voir avec le fournisseur pour qu’il mette une autre sonnerie ? La marche impériale par exemple ? ». La pauvre bonne femme à l’autre bout du fil remonte ses lunettes épaisses en haut de son nez et n’a que le temps d’ouvrir la bouche. «
Si c’est encore pour me déranger à propos de ce satané script, dites à monsieur Spielberg qu’il va me falloir plus de temps pour lire son idée de remake des dents de la mer. ». Annie répond enfin à l’autre bout du fil. «
Quoi ? Comment ça je mélange les dents de la mer et le projet de film sur les dinosaures ? Comment ça c’est pas Spielberg mais Spielbach ? Encore un Allemand ? Qu’il passe son tour. Dites-lui que son script est nul. ». Il raccroche et d’une pierre deux coups, laisse le script tomber dans la poubelle. Et un boulot de plus de fait.
Sans attendre un instant de plus, il rembobine la scène et monte le son.
«
Luke. Je suis ton père. »
Il donnerait tout pour avoir un sabre laser.